La chronobiologie, ou comment adopter le bon rythme de vie

Il s’agit d’une discipline scientifique qui consiste à étudier les différents rythmes biologiques existant dans l’organisme, pour tenter de comprendre le fonctionnement de l’horloge interne et l’organisation temporelle des êtres vivants, ainsi que d’appréhender leurs mécanismes, leurs forces et leurs fragilités.

Elle nous sert donc à trouver le bon tempo au bon moment, à déterminer le moment le plus approprié pour pratiquer telle activité… Cette meilleure connaissance de soi a en fait pour but d’éviter les pertes d’énergie et de retrouver une plus grande vitalité.

Il existe plusieurs rythmes: ultradiens pour les cycles qui durent moins de 24 heures, circadiens pour les cycles de 24 heures, et infradiens pour tous ceux de plus de 24 heures. Globalement, c’est le rythme circadien (du latin «CIRCA», proche, et «DIEM», jour) qui influence le plus notre métabolisme: la grande majorité des fonctions biologiques sont soumises à ce rythme.

Ainsi, des éléments divers et variés tels que le sommeil, l’alimentation, la combinaison veille/sommeil, la température corporelle, la fréquence cardiaque, la production d’hormones, la pression artérielle, la respiration, mais aussi le ressenti et la gestion des émotions sont directement influencés par ce rythme.

Tous ces rythmes sont imposés au cerveau par l’horloge interne, dans l’hypothalamus. Chaque être vivant possède une horloge interne, qui est composée, chez l’humain, de deux noyaux regorgeant de neurones. Ces noyaux envoient des messages directs ou indirects à des zones dans le cerveau, qui régulent des habitudes comme l’appétit, le sommeil, la production d’hormones, ou bien la température du corps par exemple.

Cette horloge interne cependant possède son propre rythme, qui varie en fonction des individus (de 23 à 24 heures environ). Toutes ces horloges biologiques finiraient par tous nous faire vivre en décalé, pratiquant nos activités vitales à des horaires totalement différents. Ainsi, des éléments extérieurs influencent également notre horloge biologique pour la synchroniser avec celles des autres.

La lumière, celle du jour ou de la nuit, est par exemple un de ces facteurs. Nous la captons soit simplement via les yeux, soit au moyen d’une exposition plus ou moins prolongée. Or, la lumière varie en fonction des différents moments de la journée, ce qui permet à notre horloge biologique de se synchroniser et de garder des repères précis.

L’horloge interne est donc le principal acteur de la chronobiologie. Mais il existe également de nombreux autres éléments, que l’on appelle les horloges périphériques. On trouve une horloge périphérique dans chaque organe majeur du corps (poumons, cœur, foie, yeux, muscles, certaines aires du cerveau…), et elles contribuent à adapter l’activité de chacun de ces organes au moment de la journée, ainsi qu’aux occupations de leu propriétaire (travail de nuit, pratique d’un sport particulièrement intensif, régime alimentaire…).

Toutes ces petites horloges périphériques sont contrôlées par l’horloge interne principale de l’hypothalamus. Or, des éléments extérieurs peuvent perturber la bonne coordination des organes (l’abus d’alcool par exemple, ou bien une alimentation trop riche, etc.), et donc le bon fonctionnement des organes eux-mêmes.

Cette perturbation peut prendre plusieurs formes, qui se voient surtout dans notre rythme de sommeil. Il peut s’agir d’abord d’une avance dans le cycle: en ce cas les personnes qui en souffrent se couchent et se réveillent bien plus tôt que la normale (les personnes âgées souvent en font les frais). Cela peut être également un retard dans le cycle: alors les personnes se couchent et se réveillent très tard (c’est une phase que l’on retrouve souvent à la puberté). Ou bien il peut s’agir d’un libre court : c’est un trouble qui atteint souvent les personnes malvoyantes et mal soignées ou mal prises en charge, car elles ne peuvent se réguler en fonction de la lumière, et alors leur horloge biologique, qui n’est pas tout à fait alignée sur les 24 heures d’une journée, va peu à peu créer un décalage de plus en plus important.

Les principaux perturbateurs de la chronobiologie

Il existe différents facteurs qui empêchent le bon fonctionnement de notre horloge biologique. Le patrimoine génétique en est un: dans certaines familles, plusieurs membres sont atteints de ce trouble, et des études ont montré que la mutation de certains gènes en particulier pouvait en être à l’origine.

Si une horloge biologique déréglée peut donner lieu à l’apparition de maladies, la réciproque est également vraie: certaines maladies telles que l’anxiété, la dépression, le cancer contribuent aussi, inversement, à déstabiliser le rythme biologique. D’autres symptômes tels que les migraines, l’eczéma, l’asthme, les troubles digestifs peuvent perturber la chronobiologie du sommeil et de l’alimentation, et donc eux aussi dérégler notre horloge biologique.

Cependant, une mauvaise hygiène de vie (sommeil, alimentation), peut également contribuer à dérégler notre horloge biologique. Par exemple, il est très important de respecter des horaires réguliers en ce qui concerne la prise des repas, car le bon fonctionnement du métabolisme est directement concerné, surtout la nuit. Un rythme alimentaire irrégulier peut augmenter les risques d’obésité, de troubles de la prostate, de cancers su sein.

Pour une efficacité optimale et un minimum d’impacts négatifs, il faut par exemple dîner quelques heures avant de se coucher et non pas juste quelques instants auparavant.

En outre, la sensibilité de chacun à la lumière peut aussi être un facteur de trouble. La lumière bleue en particulier (présente dans les LED des écrans d’ordinateur, de télévisions, de téléphones,…), perturbe bien plus les récepteurs photosensibles de la rétine qu’une lumière blanche plus traditionnelle. Ils transmettent au cerveau l’idée d’une forte exposition à la lumière, ce qui retarde le cycle du sommeil (on a moins envie de dormir, et si l’on doit se lever à la même heure le lendemain, on est fatigué) et augmente la vigilance.

Les effets sont particulièrement flagrants chez les enfants et les adolescents (risques accrus d’échec scolaire, de troubles de l’attention), mais concernent tout un chacun (mauvaise humeur, fatigue, risque de surpoids, de diabète…). Pour éviter cela, il faut réduire l’utilisation de ces écrans, et cesser de les utiliser complètement au moins une heure avant de se coucher.

Le travail de nuit constitue également un puissant perturbateur. En principe, une journée a été découpée en 3 fois 8 heures. Or, travailler de nuit provoque une désynchronisation de l’horloge biologique, puisque l’exposition à la lumière change complètement, et qu’un manque de sommeil se fait ressentir. Les risques de cancers (en particulier du sein pour les femmes non ménopausées, selon certaines études, mais aussi de cancers en général), d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, et d’accidents vasculaires cérébraux augmentent notamment.

Bienfaits de l’application de la chronobiologie

La perturbation du rythme biologique peut entraîner stress, grande fatigue, colère, tristesse, troubles alimentaires, et divers problèmes organiques. Ainsi étudier, comprendre et respecter une bonne chronobiologie permet de supprimer, ou tout du moins d’amoindrir, tous ces effets indésirables.

Par exemple, rétablir de bons cycles, en accord avec notre environnement, permet de réduire les risques, voire d’éviter complètement les cancers, troubles cardiovasculaires, troubles de l’humeur et de l’attention, hypertension, mauvais fonctionnement des organes, des hormones et du métabolisme, …

La chronobiologie alimentaire garantit par exemple une alimentation saine, équilibrée, régulière, variée, capable d’apporter tous les éléments nécessaires à l’organisme, et de contribuer à une hygiène de vie harmonieuse et équilibrée. Aucune restriction alimentaire particulière n’est imposée, il s’agit simplement de consommer les aliments adaptés au bon moment.

En ce qui concerne la chronobiologie du sommeil, il s’agit de préserver le rythme de cet élément fondamental et indispensable du bien-être, par exemple en allant se coucher au moment où la température corporelle baisse (donc il faut veiller à ne pas surchauffer l’endroit où l’on dort, à ne pas pratiquer d’activité sportive juste avant).

A propos de la chronobiologie du sport: les bienfaits de la pratique d’une activité physique régulière ne sont aujourd’hui plus à démontrer. Meilleure qualité du sommeil, régulation de la température corporelle, réduction des risques de surpoids et d’hypertension… A noter: il faut faire du sport de préférence lorsque la température corporelle est élevée, c’est-à-dire en fin de matinée ou d’après-midi.

Enfin, la chronopharmacologie est un aspect essentiel d’une bonne hygiène de vie, puisqu’il s’agit de prendre le bon médicament au bon moment. En fait, notre organisme ne réagit pas de la même façon à la prise de médicaments en fonction de l’heure où celle-ci a été réalisée. Certaines études tendent même à démontrer que la qualité des effets thérapeutiques des médicaments dépend davantage de l’heure plutôt que de la quantité ingérée.

Origines

On a pu déterminer que la chronobiologie est une discipline présente plus ou moins consciemment dans l’esprit humain déjà depuis la Préhistoire: l’homme était capable de comprendre les cycles biologiques et chronologiques des autres être vivants (migrations des animaux, cycle de floraison ou de maturation des fleurs, légumes et fruits…).

En général, on retient que c’est au XVIIIème siècle, en 1729, qu’a eu lieu la première vraie expérience de chronobiologie sur des végétaux. Puis il faudra attendre les années 1920 pour que les premiers laboratoires d’étude sur les végétaux commencent à se mettre en place, et 1960 pour que diverses autres expérience, cette fois sur des humains, et avancées soient effectuées.

La chronobiologie est reconnue en France comme un domaine d’études scientifiques sérieux, mais des conflits existent avec d’autres champs d’études, comme par exemple l’homéostasie. Toutefois, son application tend aujourd’hui à se diversifier et se démocratiser.

Références

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