La relation d’aide va désigner l’accompagnement d’une personne en souffrance réalisé à travers les fondements posés au départ par Carl Rogers. Ce dernier, psychologue américain du début du 20eme siècle s’est en effet beaucoup interrogé sur la relation humaine entre un soignant et un soigné et a proposé une approche basée sur la volonté d’amener toute personne en difficultés à mobiliser ses propres ressources pour mieux vivre une situation.
Ainsi, plus de solution toute faite: on fait confiance à l’autre concernant sa capacité à se sortir de toute situation difficile et l’aide apportée est centrée uniquement sur comment l’accompagner au mieux vers cette capacité.
Pour cela, Carl Rogers a distingué des qualités nécessaires pour se positionner sur ce type d’accompagnement. La première est l’empathie: souvent confondue avec la sympathie qui vient de la même origine (pathos, c’est-à-dire souffrance), l’empathie est la capacité à comprendre la souffrance de l’autre tout en sachant rester à ma place.
En effet, si je partage les émotions de l’autre, je vais souffrir avec lui ce qui n’est pas aidant, ni pour lui ni pour moi: j’éprouve alors de la sympathie. Si je sais faire la distinction entre l’autre et moi, je peux bien sûr être touché par son histoire, sa personnalité, ses émotions mais je ne suis pas envahi et je peux me mettre complètement à son écoute sans avoir peur des conséquences émotionnelles sur moi. Ainsi, Carl Rogers dans Devenir une personne se demande s’il a la force d’être distinct, ce qui est pour lui absolument nécessaire dans un accompagnement en relation d’aide.
La deuxième qualité mise en avant est l’authenticité: c’est la vertu par laquelle un individu exprime avec sincérité et engagement ce qu’il est profondément. En effet, pour que la personne en souffrance puisse avoir envie de s’ouvrir à nous, de se livrer pour nous laisser cheminer avec elle vers ses ressources intérieures, il faut installer une relation de confiance. Et pour cela, l’authenticité est primordiale: ainsi, un décalage entre ce que l’on dit et ce que l’on pense peut être facilement perçu à travers le non verbal (tout ce qui est communication, au-delà des mots employés, c’est-à-dire la tonalité de la voix, l’expression du visage, la posture corporelle, les gestes…).
Ce non –verbal donne énormément d’informations sur ce que l’on pense vraiment sans avoir la capacité de le maitriser totalement (à part si vous êtes un très bon joueur de poker!). Il est géré la plupart du temps de manière inconsciente et compris aussi de manière inconsciente: vous ne pouvez pas dire pourquoi mais vous sentez si une personne ment ou pas! Et, de cela, découle bien entendu votre capacité à lui faire confiance ou pas… Quand on parle d’authenticité, cela ne signifie pas que l’on doit dire tout ce que l’on pense! Mais si l’on décide de dire quelque chose alors c’est que nous le pensons sincèrement.
Enfin, la troisième qualité mise en avant par Carl Rogers pour pratiquer la relation d’aide est le respect chaleureux: à travers cette notion, il exprime bien entendu la profonde envie de l’accompagnant d’aider la personne en souffrance mais cela va au-delà de ce désir. Il y exprime aussi cette nécessité de respecter l’autre dans son histoire, sa vision du monde, ses croyances, sa personnalité, ses valeurs…
En d’autres termes, cela signifie l’accepter exactement comme il est, sans vouloir le transformer, penser qu’il se trompe ou qu’il ne voit pas les choses de la bonne façon. Cela parait simple sur le papier mais en réalité c’est parfois très difficile de mettre ses valeurs ou sa vision du monde de côté: il s’agit de vraiment se décentrer de soi et de se focaliser sur la personne ce qui nécessite un effort conscient. Si l’on revient à cette envie d’aider la personne en souffrance, là aussi parfois on peut se prendre les pieds dans le tapis: quelle est notre volonté pour l’autre?
Est-ce que l’on souhaite qu’il trouve une solution à son problème? Qu’il nous valorise pour l’aide que l’on pourrait lui apporter? Ou simplement être là pour lui? Car dans la relation d’aide, c’est uniquement cette dernière raison qui doit nous animer! Cela nécessite parfois un vrai travail sur soi avant de pouvoir être dans cette énergie.
Ce respect chaleureux implique aussi que l’on a une confiance absolue dans l’autre et dans sa capacité à se sentir mieux, à trouver des solutions,…: cette foi ressentie se transmet et cela augmente sa propre capacité à se faire confiance.
Ces 3 qualités vont nous permettre de nous mettre complètement à l’écoute de la personne venue chercher de l’aide: nous ne sommes pas dans le jugement, nous n’avons pas peur de ce qu’elle va nous dire et nous ne cherchons pas à lui trouver de solution ou une direction à suivre au-delà de ce qu’elle a elle-même envie de mettre en place.
A travers cette écoute, la personne en souffrance va trouver une présence qui va la sortir de son sentiment d’isolement dans lequel on se retrouve souvent lorsque l’on ne se sent pas bien (même si l’on est bien entouré).
Cette présence a pour principaux objectifs de lui permettre de se libérer des émotions qui l’envahissent, de suffisamment structurer sa pensée pour pouvoir l’exprimer à quelqu’un et d’avoir un effet miroir sur ce qu’il exprime: cela lui permet d’aller se connecter à des ressources, des réflexions, des solutions, une prise de recul qui lui étaient alors inaccessibles. La forte présence que l’on peut lui proposer est aussi extrêmement valorisante pour l’autre: cela lui permet de se sentir important pour quelqu’un!
La relation d’aide se retrouve dans de nombreux domaines: des associations d’aide aux personnes en souffrance sont par exemple basées sur ces travaux (SOS Amitiés, Astrée..). Les thérapies en relation d’aide, centrée sur la personne ou humaniste vont proposer un accompagnement psychologique fondées sur ces principes. Enfin, les professionnels de la santé classique ou de thérapies complémentaires se forment aussi de plus en plus à ces concepts qui permettent au-delà des techniques proposées de soutenir moralement les patients.
A propos de l’auteur: Aurélie Ingrand
Après avoir travaillé 10 ans en entreprise comme ingénieure, Aurélie Ingrand a cherché à mettre plus de sens et de valeur dans sa vie professionnelle. Elle s’est alors formée à l’institut Cassiopée (www.cassiopee-formation.com) et est devenue sophrologue et thérapeute en relation d’aide (forme de psychothérapie): elle reçoit ainsi des personnes en difficulté pour les accompagner vers un mieux être en utilisant ces deux types d’approches complémentaires. Son cabinet est situé sur Paris. Elle forme aussi à la relation d’aide d’autres thérapeutes et des personnes en contact avec un public en souffrance.
En savoir plus